Les Nations Unies ont exprimé mardi leur «profonde inquiétude» pour la sécurité des journalistes au Cameroun après l’assassinat de Jean-Jacques Ola Bebe, présentateur radio et prêtre orthodoxe, moins de deux semaines après l’enlèvement et le meurtre d’Arsène Salomon Mbami Zogo, plus connu sous le nom de Martinez Zogo, directeur de la station de radio Amplitude FM.
Le porte-parole du Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Seig Magango, a souligné que «Ola Bebe et Martinez Zogo étaient des voix critiques contre la corruption qui utilisaient leurs plateformes radio pour dénoncer des cas de détournement de fonds». «Ola Bebe était à l’avant-garde des appels à la justice et à la responsabilité pour le meurtre de Zogo, un proche collaborateur», a-t-il rappelé.
Il a déclaré qu’au cours du mois de janvier «au moins trois autres journalistes camerounais ont signalé avoir reçu des menaces crédibles de la part de personnes non identifiées» et a ajouté que «les autorités camerounaises doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour créer un environnement propice au travail des journalistes sans crainte de représailles et respecter le droit à la liberté d’expression, garanti par le droit humanitaire et la Constitution camerounaise».
«Un climat médiatique libre, indépendant et diversifié est crucial pour que les citoyens soient informés et puissent demander des comptes aux institutions», a déclaré Magango, notant que le président camerounais Paul Biya a ordonné une enquête sur ces affaires, qui ont déjà conduit à plusieurs arrestations.
«Nous demandons aux autorités de veiller à ce que le meurtre d’Ola Bebe fasse l’objet d’une enquête indépendante, efficace et impartiale et que les responsables de ces meurtres, à tous les niveaux, soient tenus pour responsables», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
L’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga, propriétaire d’un conglomérat de médias, a été arrêté lundi pour son rôle présumé dans le meurtre de Zogo, qui a été enlevé en janvier devant un poste de police de la capitale, Yaoundé. Le journaliste avait récemment révélé des malversations présumées dans les marchés publics qui auraient bénéficié à Amougou Belinga lui-même.
Suite à cela, le ministre camerounais de la justice, Jean de Dieu Momo, a ordonné l’ouverture immédiate d’une enquête sur le meurtre du journaliste. «Aucun journaliste ni personne d’autre ne mérite d’être tué pour s’être exprimé. Tout doit être mis en lumière», a-t-il déclaré. Le Cameroun est classé 118e sur 180 dans le classement de la liberté de la presse publié par l’organisation non gouvernementale Reporters sans frontières (RSF).
Source: (EUROPA PRESS)