
Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International (AI) ont exhorté le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à adopter une résolution visant à mener une enquête indépendante sur l’explosion survenue dans le port de Beyrouth en août 2020, après que le ministère public a ordonné la libération de tous les détenus.
«L’absence de justice pour les victimes de l’explosion du port de Beyrouth ne fera que saper davantage la stabilité et l’État de droit à ce moment critique de l’histoire du Liban», a déclaré Lama Fakih, directeur de HRW pour le Moyen-Orient.
HRW et AI ont déclaré dans un communiqué commun que les autorités libanaises ont fait obstacle «à plusieurs reprises» à l’enquête nationale sur l’explosion «en protégeant les hommes politiques et les fonctionnaires impliqués contre les interrogatoires, les poursuites et les arrestations».
«HRW, Amnesty International, Legal Action Worldwide, Legal Agenda et la Commission internationale de juristes ont documenté une série d’échecs procéduraux et systémiques dans l’enquête nationale, notamment une ingérence politique flagrante, l’immunité accordée à des responsables politiques de haut niveau, le non-respect des normes de procès équitable et des violations de la procédure régulière «, a-t-il ajouté.
Ils ont donc appelé le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à envoyer «sans délai» une mission «indépendante et impartiale» dans le pays. «La mission devrait établir les faits et les circonstances, y compris les causes profondes, de l’explosion en vue d’établir la responsabilité de l’État et des individus, ainsi que de soutenir la justice et la réparation pour les victimes», a-t-elle souligné.
La directrice adjointe d’AI pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Aya Majzoub, a déclaré que le Liban «a fait fi de la loi, en se soustrayant de manière flagrante à une enquête criminelle en cours et en exerçant des représailles contre un juge qui faisait simplement son travail».
«Il est clair que les autorités libanaises sont déterminées à faire obstruction à la justice. Depuis l’explosion, ils ont bloqué à plusieurs reprises l’enquête interne, se protégeant ainsi de toute responsabilité au détriment des droits des victimes à la vérité, à la justice et à la réparation», a-t-il ajouté.
LE JUGE Le procureur général du Liban, Ghassan Ueidat, a ordonné mercredi la libération de toutes les personnes détenues dans le cadre de l’attentat de Beyrouth, dans un contexte de tensions avec le juge chargé de l’enquête.
Cette décision est intervenue un jour seulement après que le juge chargé des enquêtes, Tarek Bitar, a inculpé le procureur général et plusieurs juges, selon des sources citées par la télévision LBCI. M. Bitar a repris son travail lundi après une suspension de 13 mois due à plusieurs procès intentés contre lui qui ont bloqué les enquêtes.
En réponse à la décision de Bitar, le bureau du procureur libanais a déposé un avis auprès des tribunaux afin de ne pas appliquer les avis du juge comme étant invalides, dans un contexte d’agitation généralisée parmi les familles des victimes de l’explosion, qui a fait plus de 200 morts, en raison de l’obstruction du processus.
M. Bitar a remplacé Fadi Sauan après que celui-ci ait été dessaisi de l’affaire à la suite d’une série de plaintes déposées par de hauts fonctionnaires appelés à témoigner, dont l’ancien ministre de l’intérieur Nuhad Machnuk. Les poursuites engagées par plusieurs anciens ministres appelés à témoigner ont également conduit à la suspension de ses investigations.
L’agitation populaire a augmenté ces derniers mois en raison du blocage et des retards dans la levée de l’immunité des anciens ministres et parlementaires qui ont été convoqués par le juge Bitar pour témoigner dans le cadre des enquêtes, y compris l’ancien Premier ministre Hasan Diab, qui a démissionné au milieu de la vague de protestations qui a suivi l’événement.
Source: (EUROPA PRESS)