Les États-Unis ont exprimé leur opposition à la plainte déposée mardi par la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera contre Israël devant la Cour pénale internationale (CPI) pour la mort de la journaliste américano-palestinienne Shirin abu Akle, tuée d’une balle dans la tête lors d’une opération des forces de sécurité israéliennes dans la ville de Jénine, en Cisjordanie.
Le département d’État américain a annoncé son rejet de la démarche, quelques heures après que la demande d’enquête du tribunal de La Haye ait été rendue publique.
«Nous nous y opposons, dans ce cas», a déclaré Ned Price, porte-parole du ministère, en réponse aux questions des journalistes lors d’un point de presse mardi.
«Nous maintenons nos objections de longue date à l’enquête de la CPI sur la situation palestinienne et la position selon laquelle la CPI devrait se concentrer sur sa mission principale, qui est de servir de tribunal de dernier recours pour punir et dissuader les crimes d’atrocité», a déclaré le porte-parole.
Al Jazeera a confirmé dans un communiqué qu’elle «enverra l’affaire de la mort de Shirin abu Akle aux mains des forces d’occupation israéliennes à la CPI de La Haye», avant de noter que cette décision «intervient six mois après le meurtre brutal de Shirin abu Akle».
Il a noté que pendant cette période, «l’équipe juridique d’Al Jazeera a mené une enquête complète et détaillée sur l’affaire et a trouvé de nouvelles preuves basées sur de multiples déclarations de témoins, l’examen de multiples coupures vidéo et des preuves médico-légales relatives à l’affaire».
Le Tribunal de La Haye a ensuite confirmé à CNN qu’il avait reçu la demande d’Al Jazeera en vertu de l’article 15 du Statut de Rome.
En réponse à l’annonce de la chaîne de télévision qatarie, le Premier ministre israélien sortant Yair Lapid a souligné sur son compte Twitter que «personne n’interrogera les soldats de Tsahal et personne ne donnera de cours sur l’éthique du combat, et certainement pas al-Jazeera».
Dans la même veine, le ministre israélien de la Défense, Benjamin Gantz, a déclaré qu’il «regrette la mort de Shirin abu Akle, mais nous devons nous rappeler qu’il s’agissait clairement d’un incident de combat qui a fait l’objet d’une enquête de la manière la plus rigoureuse et la plus approfondie (par Israël)».
Pour sa part, le porte-parole de l’Autorité palestinienne, Nabil abu Rudeina, a rappelé que la Palestine est partie à la CPI et que «chaque Palestinien a le droit de s’adresser à la Cour pour juger l’occupation israélienne pour des crimes qui violent le droit international».
Le journaliste a été abattu le 11 mai lors d’une opération militaire israélienne à Jénine alors qu’il travaillait pour la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera. Elle portait un casque et un gilet l’identifiant comme journaliste.
Entre-temps, les conclusions de l’enquête indépendante menée par le Bureau des Nations unies pour les droits de l’homme sur la mort de la journaliste vont dans le sens de l’évaluation des autorités palestiniennes selon laquelle les forces israéliennes sont responsables de sa mort.