Les autorités tunisiennes ont arrêté mercredi un dirigeant syndical à la suite de l’appel à la grève générale lancé par les routiers du pays à partir du 12 février, dans un contexte de critiques et de manifestations croissantes contre le président du pays, Kais Saied, qui s’est arrogé tous les pouvoirs en juillet 2021 en dissolvant le gouvernement et en suspendant le Parlement, qui a ensuite été dissous.
L’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), le principal syndicat du pays, a indiqué dans une déclaration sur son site Internet que le détenu est le secrétaire général adjoint de l’Union tunisienne des routes (qui fait partie de l’UGTT), Anis al-Kaabi, sans donner pour l’instant de détails sur sa localisation ou les raisons de son arrestation.
Le secrétaire général de l’UGTT, Nurredin Tabubi, a précisé que le syndicat a engagé les services d’un avocat pour analyser le cas d’Al Kaabi, tout en soulignant que l’arrestation du syndicaliste est «un coup porté au travail des syndicats» et «une violation des accords internationaux ratifiés par l’État tunisien».
Il a rappelé que la constitution tunisienne «stipule le respect des libertés syndicales et du droit de grève» et a regretté «la panique et les effets négatifs sur la famille d’Al Kaabi» suite à l’arrestation. Il a donc tenu le gouvernement «pleinement responsable des répercussions». M. Tabubi a également appelé à la libération «immédiate» du détenu.
Ces dernières semaines, la tension est montée d’un cran en raison du différend entre Saied et les syndicats concernant les plans de réduction des dépenses visant à obtenir un programme d’aide du Fonds monétaire international (FMI). L’UGTT et trois autres organisations ont lancé la semaine dernière une initiative de salut national pour faire face aux récentes actions du président tunisien.
La Tunisie a organisé vendredi le second tour des élections législatives de Saied, qui a de nouveau été marqué par un taux d’abstention de près de 90 %, après que le premier tour de scrutin n’ait pas atteint le niveau record de neuf pour cent dans le monde. Cependant, le président a appelé à une «lecture différente» et a imputé l’abstention au fait que «les Tunisiens ont vu, au cours des dix dernières années, que le parlement s’est transformé en une institution qui abuse de l’État».
Par ailleurs, le chef du Front du salut national (opposition), Ahmed Neyib Chebi, a appelé dimanche le président à démissionner après le «fiasco» du second tour des élections législatives, affirmant que ce chiffre «montre que très peu de personnes soutiennent le processus de Saied».
Depuis juillet 2021, Saied a fait adopter une série de mesures visant à réformer le système politique tunisien, notamment un référendum constitutionnel, approuvé dans un contexte de boycott de l’opposition, qui renforce les pouvoirs de la présidence. L’opposition a dénoncé la dérive autoritaire du président et a exigé sa démission.
Source: (EUROPA PRESS)