Le chef militaire soudanais, Abdelfatá al Burhan, a souligné que Khartoum et Addis-Abeba «sont d’accord sur toutes les questions» concernant le barrage éthiopien sur le Nil Bleu, source de tensions ces dernières années entre les autorités éthiopiennes et les pays en aval.
Lors d’une rencontre avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed dans le cadre de sa visite à Khartoum, M. Al Burhan a déclaré que les deux pays devaient «renforcer la coopération et la coordination conjointe», après les tensions frontalières de ces derniers mois.
Il a souligné que «les documents, les mécanismes techniques et le dialogue représentent la principale référence» pour résoudre le différend frontalier, tout en soutenant le processus de paix entre l’Éthiopie et le Front populaire de libération du Tigré (TPLF) dans le but de mettre fin au conflit qui a éclaté en novembre 2020.
M. Abiy a également fait savoir à M. Al Burhan que le barrage de la Grande Renaissance «ne causera aucun préjudice au Soudan, mais sera bénéfique dans le domaine de l’électricité», et il s’est dit favorable au «recours aux documents signés» pour résoudre le différend frontalier.
À l’issue de la réunion, le Soudan et l’Éthiopie ont publié un communiqué commun soulignant «l’éternité et la profondeur des relations historiques entre les peuples des deux pays et la nécessité de les préserver et de les développer».
«Les deux parties ont souligné la nécessité de traiter les questions bilatérales par le dialogue et la compréhension, y compris les questions du barrage de la Grande Renaissance et des frontières, conformément aux mécanismes existants», souligne le document.
Dans cette optique, Khartoum et Addis-Abeba ont exprimé leur «engagement» à «une consultation et une réflexion continues sur tous les sujets relatifs aux questions bilatérales et à une coordination conjointe sur les questions régionales et internationales», selon l’agence de presse étatique soudanaise SUNA.
La visite d’Abiy à Khartoum, la première depuis 2020, est intervenue deux semaines après que les gouvernements du Soudan et de l’Égypte ont accepté de poursuivre leurs consultations sur le barrage, mais les trois pays n’ont jusqu’à présent pas réussi à trouver un accord pour mettre fin à leurs tensions.
Les gouvernements égyptien, éthiopien et soudanais sont parvenus à un premier accord en janvier 2020 sur les principaux points de litige concernant la construction du barrage et se sont engagés à signer le document final avant la fin du mois de février, mais Addis-Abeba a quitté les pourparlers avant de signer l’accord, ce que seul Le Caire a fait.
L’Éthiopie, qui finance à elle seule le projet et espère devenir le plus grand producteur et exportateur d’électricité du continent, rejette ces accusations. Les travaux sont en cours dans la région de Benishangul-Gumaz et, une fois achevé, le barrage sera le plus grand du continent.
À la frontière, l’Éthiopie et le Soudan ont connu plusieurs affrontements au cours des derniers mois, Addis-Abeba accusant le pays voisin de soutenir le TPLF dans le conflit du Tigré.
L’épicentre de ces combats a été la région de Fashaga, bien que les deux pays aient commencé à travailler sur la démarcation de la frontière en décembre 2020 après plusieurs incidents tournant autour de la présence de fermiers éthiopiens en territoire soudanais, un fait qui était tacitement toléré par l’ancien président soudanais Omar Hassan al-Bashir.
Les autorités soudanaises issues de l’accord après le coup d’État qui a renversé Al-Bachir en avril 2019 maintiennent une position différente et exigent le départ de ces agriculteurs de la zone, ce qui a entraîné des tensions accrues avec l’Éthiopie.
Source: (EUROPA PRESS)